“How to make it without IKEA”
Petit entretien avec Thomas Billas…
Nous voulions en savoir plus sur ton projet “How to Make it Without IKEA”, qui nous a fort intrigués, simplement graphiquement, mais nous voulions savoir ce qui se cache derrière tout ça…
Thomas Billas : L’idée est de réunir tous les bons plans pour réaliser des objets utiles avec ce qu’on a chez soi, pour ne pas filer à la boutique du coin en catastrophe… En fait, je récolte des idées dans des carnets (quand je rencontre des gens par exemple, ou des idées que j’ai pu appliquer), je fais des dessins, des schémas de modes d’emplois, de conception de mes objets, et ensuite je les sélectionne, je les synthétise graphiquement, et je les réunis dans un recueil… ça se présente comme un mode d’emploi, en deux temps : le matériel nécessaire, et l’objet réalisé.
C’est toi qui fait les dessins donc ? Je croyais que tu reprenais des documents trouvés…
Si si, je fais les dessins. Je suis en train de préparer le numéro 3. Je compte les faire tous en anglais, c’est plus marquant. L’idée, c’était d’éviter que les gens aillent systématiquement à Ikea… même s’il y a aussi du Ikea chez moi !
Comment tout ça s’est mis en place ?
J’ai commencé à St Luc Tournai où j’étudiais en section design. J’ai alors fait la petite publication « Faites-le vous-même ». Après St Luc, j’ai continué à collecter les systèmes « D » et à les rassembler sous forme de livret.
Je feuillette…
Les étagères auto-portantes, j’ai déjà vu chez un ami, c’est très efficace !
Parallèlement aux dessins, je répertorie sur un blog des photos de ces objets issus de systèmes « D » que je trouve chez moi, chez des amis… Il y a des gens qui cumulent ces pratiques qui sont très inventives et ingénieuses, et très simples ! L’adresse du blog, c’est www.flickr.com/photos/howtomakeitwithoutikea/
Fonctionnes-tu en collaboration avec d’autres personnes ?
Si on veut, parce que certaines personnes me donnent des idées. Mais la publication, je la fais en solo. La collaboration avec le PTTL, s’est faite simplement au niveau de l’impression, on en a tiré d’abord 370 exemplaires.
J’ai participé à une manifestation en France avec Jo l’avatar, « La braderie d’art », l’idée était de produire sur place nos objets, et je me suis dit « aille aille aille…, on va nous faire des pochoirs sur vinyles et d’autres bricolages intempestifs », mais est-ce qu’il y aura de la place pour des objets un peu pensés ? Donc, j’ai préparé mon matériel à l’avance, et j’ai présenté « Faktum », des recueils reprenant à l’identique la présentation des modes d’emploi Ikea, mais proposant de monter une bouche sur un visage, des ongles sur des pieds etc. mais ça n’a pas été très bien perçu.
C’est amusant parce que Ikea a aussi cet esprit d’avoir des meubles multifonction qui ne prennent pas de place et qui sont « efficaces ». Dans un sens, on apprécie IKEA (également dans les milieux alternatifs ou « underground » !), c’est un joli détournement ! Diffuser un mode d’emploi, c’est aussi proposer autre chose pour éviter le réflexe du genre « J’ai un problème, et je me jette dans un magasin pour trouver l’objet qui le résoudra » ou encore éviter le pire désoeuvrement du samedi après-midi de certains : « Qu’est-ce qu’on va faire aujourd’hui, on n’est pas au boulot ? On va faire des courses ! » Il y a d’autres choses plus trépidantes, nettement plus écologique. Et puis, construire les objets de son quotidien, ça nourrit l’esprit…
Pourquoi ne proposes-tu pas tes modes d’emploi sur un site internet ?
L’idée c’est que c’est un « manuel », un mode d’emploi à manipuler, à saisir à tout moment. Il n’est pas cher, pour que n’importe qui puisse l’acheter. Pour moi, c’est important que ce soit un exemplaire papier. Le papier, reste local, et du coup, je sais un peu par où il passe, il « circule ». Et puis internet, on ne sait pas qui le lit, comment les gens tombent sur la page, c’est aussi beaucoup de zapping.
Tu as déjà d’autres projets à l’esprit ?
J’essaye depuis 6 mois de faire quelque chose qui s’apparente à une fanzinothèque, mais avec tout ce que je reçois dans ma boîte aux lettres et qui tient sur maximum deux pages (par exemple, la pub du « voyant » du quartier). Il y a une partie des gens qui font ces flyers eux-mêmes, c’est assez rigolo, et même intéressant je trouve. D’ici deux ans, j’aurai peut-être assez de matière pour en faire quelque chose… C’est le prochain projet.
Et tu as fait le filtre à café avec du papier toilette ?
Oui !
Et ça marche ?!
Oui, il y a aussi la cafetière avec la bouteille plastique coupée en deux. Et puis, tu peux aussi faire briller tes chaussures avec une peau de banane (avec l’intérieur), et tu retires l’excédent avec un chiffon !
Questions : La petite fanzinothèque belge
Réponses : Thomas Billas
Juin 2011
