Ce que je peins n'est qu'une déclinaison de moi.
Un regard accusatif sur l'absurdité du monde des gens.
Une posture au génitif dans ma peau de femelle.
Une obstination compulsive à griffonner ça et là et encore là comme un chien qui pisse pour marquer son passage.
Un vocatif de midinette, mi-grivoise, militante, mijaurée, mise en scène.
Des filles.
Je peins des filles.
Des maigres, avec de grandes orbites et des yeux dedans. De ces yeux qui vous fixent. Qui vous dérangent. Et qui vous parlent. Qui vous racontent des histoires pas polies. Pas toujours.
Ces filles campées, osseuses, aux yeux immenses qui semblent vous dévorer du regard.
Ces filles droites, immobiles, interrogatives qui vous scrutent.
Ces femmes, enfants, rayées, virginales, échappées d’une histoire.
Elles sont toutes un morceau de moi, jamais le même, jamais complètement.
Elles sont comme un coup de pied aux préjugés, un poing levé pour nos combats, une ode aux petites filles qui survivent en nous.
Je les ballade dans l'encre. Je les couche dans l'acrylique. Je les étire. Je les rabote. Je les ombre, je les raye, je les assemble, je les surfile.
Ensuite ... C'est à vous de voir.
