L'objet 0050096_homelayout n'existe pas
Takavazi Flore (Takavazi Flore)

Takavazi Flore

Takavazi Flore

Site(s):http://florcarnivor.unblog.fr

»Le peintre Flore Takavazi évoque, au travers de fanzines, de livres d’artistes, de textes mélangés à son oeuvre, qui prend sa place dans le courant de l’art brut actuel, art autodidacte inspiré, « ce cassage artistique et humain » que fut son apprentissage de l’art contemporain aux beaux arts de Toulouse, à qui elle doit sa « culture du moche comme fondement… ». Elle a vécu sa vocation comme « une déviance qui n’a pas sa place dans l’art contemporain ». Et pourtant! Sa vie est un combat jour après jour pour « préserver sa vocation contre tout. C’est la peinture ou la mort! ». Elle évoque les modèles alternatifs, tous explorés : ceux de la génération d’avant, rock, punk… Mais la légitimité de « l’underground » n’est plus. Aujourd’hui la seule justification est la réussite financière, il n’y en a pas d’autres. Les arts marginaux sont reconnus certes, mais à condition qu’ils soient candidats au suffrage sur le net et à la cote. Il leur faut pour cela entrer dans le mainstream. Créer de façon autonome, mais sans statuts, sans moyen, sans savoirs, est un défi quotidien, une précarité sans fin! Et pourtant Flore Takavazi, lorsqu’elle évoque le travail à l’atelier, dit avoir le sentiment fort de connaître un privilège royal, celui d’accomplir sa vocation. Même dans des conditions très dures, elle éprouve une joie inexplicable de créer, d’être libre, de se sentir habitée par un puissant désir de dépassement et d’excellence. »

Aude de Kerros, »L’imposture de l’art contemporain », édition Eyrolles, 2015.

La peinture pour moi se résume avant tout, à un travail d’atelier.

J’aime aussi peindre en grand et à l’extérieur ou dans des friches. J’adore ça. Mais ma pratique d’atelier et/ou domestique accapare la plus part de mes temps de création picturale. L’ambiance calme de l’atelier m’apaise, me convient au quotidien… J’aime m’y perdre dans le temps et l’espace délimité de mes toiles. Je peux passer de l’une à l’autre sans que les images traitées ne soient dans la même veine. Sans rapports directs. Sans pression extérieure ni démarche de rentabilité. Parfois, les choses évoluent très lentement sur la toile et les intentions et les actes qui me viennent sont murement réfléchis et de plus en plus minutieux. D’autres fois, c’est comme une fulgurance et les choses s’assemblent et prennent forme très spontanément de façon frénétique… Dans l’atelier, j’aime à pouvoir moduler ma capacité de concentration, y passer des heures et pouvoir décrocher de la toile et m’activer à/ou passer à autre chose. J’aime quand le temps ralenti et que je peux regarder mon ouvrage un temps infini pour saisir ce que va donner la suite ou déterminer si c’est achevé… J’aime le contact du pinceau sur la surface, les jus colorés que j’applique avec des pinceaux à forte charge ou la glycéro bien collante qui fait des sillons comme sur les disques vinyls sous les passages de brosses dures. Et j’aime l’odeur et les possibilités plastiques de la »bombe » de peinture.

(Le bruit et l’odeur…).

Ce sont les principales raisons au fait que je continue à peindre dehors. Et je crois bien que l’odeur de la bombe est ma préférée des odeurs non-humaines (avant même l’odeur ou du buis ou du ventre des chats, qui sont celles qui me transportent le plus…). Celle qui me fait me sentir bien quand je passe devant un atelier de carrosserie. L’odeur de la peinture aérosol. Pure chimie de merde. Une pire aberration écologique. Éh bien c’est ma favorite au monde! Si c’est pas de l’addiction sans déconner?… Et si je dois remonter à la source olfactive de ce bien être, je dirais que ça me rappelle l’odeur des jouets neufs en plastique de mon enfance. Merci Bandaï et Mattel. Merci bien pour l’empreinte pétrochimique liée à la récompense, implantée dans mon système nerveux, peut-être jusqu’à ma mort…

Enfin, bref, j’utilise de la bombe de peinture. Peu mais régulièrement. En atelier aussi… où je me protège avec le masque à gaz que m’a offert Rémy. J’y mets des cartouches spéciale pour les travaux de carrosserie. J’aère au maximum… Y’a des ateliers ou c’est facile et d’autres ou c’est galère, voir impossible, faut avoir un espace extérieur… Alors, j’en utilise de moins en moins, même si j’adore ça. Et au final, je me dis que c’est un peu comme la viande. Comme mon rapport à le viande. Je crois que je ne pourrais jamais vraiment arrêter, mais de temps en temps, je me le permets. Moins mais mieux… Le régime de la bombe de peinture! En tous cas, on est en 2015 et je traine encore des couleurs de 2007 dans mon stock (les ex-ONG de Barcelone m’en avaient laissé quelques cartons quand je les ai faits exposer au Musicophages en Mai 2007). J’ai du en racheter moins de 10 fois depuis… C’est pour dire à quel point je suis pas une acharnée du pshiiit. Bien que j’ai été pas mal active entre 2006 et 2009, j’ai quasi arrêté depuis (je suis une économe de l’énergie, les codes performatifs du graff’, m’ont toujours saoulé). De temps en temps, je me fais plaisir et je vais peindre dehors, en friche ou en skate-park, mais je n’ai presque aucune photo de mes peintures. Donc c’est comme si je ne les avais jamais faites! -éphémère persistance rétinienne urbaine- Et en définitive, même si ça m’a frustrée longtemps, je crois que j’aime bien l’ idée d’en avoir rien à foutre de la reconnaissance du »milieu » ou de la diffusion photo de mes oeuvres… J’aime bien cet aspect d’avoir VRAIMENT bossé dans le vent. Des graffs dans le néant. Peut-être juste pour le plaisir de ceux qui les ont recouverts.

FloRe – 2015 – Toulouse

En 2012, j’ai commencé une veine de travail où j’utilise comme support des travaux inachevés de mes amis peintres. Pour expliquer un peu ma démarche je vous propose un fragment de texte sur mes pratiques picturales (que je publierais un de ces jours en intégralité, mais chaque chose en son temps…), merci à JJ Valencak pour son soutien amical et artistique depuis 10 ans!

» (…)Certains de mes supports sont aussi donnés par mes amis peintres. J’aime bien partir de travaux inachevés de mes amis pour en faire un dialogue entre leur forme d’expression et la mienne. Récup’ encore mais pour en faire le révélateur d’une relation. D’un état de confiance. D’une forme de confiance absolue qui tient a donner le »raté » de sa propre oeuvre à une personne que l’on apprécie et qui va tenter de s’engouffrer dans les manques et d’en rehausser les qualités. Je sais pas vous, mais moi je trouve ça éminemment beau et généreux, des 2 cotés… Faire de nos failles et de nos faiblesses des points d’appui et de recours. (…) »

Flore - 2015

Coulures, signes, traces, lavis et à plats composent des images brutes, souvent quasi automatiques, d’autres fois très réfléchies. Sampling mental d’images et de mots qui restitue des instantanés de mes états d’âme. Mes peintures sont des chaos visuels que je tente d’organiser afin de donner du sens à tout ce bazar : complexité de mon existence. Besoin d’expression libre. Ma recherche graphique et picturale consiste à :

Passer le temps de manière ludique et hors d’atteinte de considération »performative ». Le temps que je passe à peindre ou a dessiner étant les seuls moments de ma vie où je me sente absolument bien… Sans complexes, ni ambitions. Sans peurs et sans reproches. Libérée.

Lutter contre l’idée de perfection (culte de nos sociétés malades). Créer à partir de la médiocrité (des matériaux, des outils, des supports, de ma propre existence sociale) des images qui peuvent paraitre vulgaires et ineptes voir, carrément violentes dans un premier temps, mais qui se révèlent être complexes, profondes et non dénuées de sens et d’humanité pour qui veut bien y regarder à deux fois. Refuser l’idée du bon-goût, du »beau » conformiste. Créer un langage, élaborer une oeuvre multiple et en mouvement permanent qui utiliserait un vocabulaire iconographique précis et signifiant bien que camouflée sous des oripeaux bruts et maladroits. Réagir de façons pacifique, poétique et constructive à des processus complexes d’auto-destruction et/ou d’agressivité, d’oppression et/ou d’impuissance. Donner à voir une sensibilité plastique singulière et décomplexée, expression directe de la singularité de mon existence. Jouer avec le paradoxe de la précarité de ma vie concrète par rapport à la richesse de mon monde créatif. Être dynamique intellectuellement, ne laisser place ni à l’ennui, ni à la torpeur, ni à la victimisation. Chercher en permanence, prendre des risques créatifs et me pousser à dépasser mes limites formelles. Me placer toujours d’un point de vue sensible, décalé et non figé même et surtout quand j’aborde des thèmes éminemment politiques. Ne pas tomber dans la propagande ou le marketing. Tenter de donner à voir la poésie de la seule constante de ce monde : le chaos. Être là où on ne m’attends pas : en temps que femme comme en temps que créatrice. Refuser l’assignation sociale à mon genre biologique, à ma classe sociale, à mes origines culturelles. Considérer qu’une grande partie des images que je crée sont des sortes de talismans exutoires et protecteurs, tout un univers fantasque et très personnel dont le rôle premier est de me rassurer et de m’apaiser un peu mais qui peut être signifiant et vivifiant pour d’autres aussi. Cheminer hors de toutes prétentions d’excellence esthétique ou intellectuelles. Fuir les convenances, les postures idéologiques.

FloRe. 29 janvier 2014, repris le 31 août 2014.

Tiens, ça fait 10 ans que je peins ?!…

Mes influences se baladaient alors entre le graffitti et le fauvisme : expression brute + intensité des couleurs… ça n’a pas beaucoup changé . Sauf qu’entre temps, j’ai découvert l’affichage politique, l’art brut, les comix et bien d’autres choses qui nous nourrissent mes créations et moi.

Concrètement, j’aime utiliser les coulures, les slogans, les tampons, les craies, les collages et en général tout ce qui tache et laisse des empreintes. Surtout la glycéro.

Je récupère beaucoup et je crée des images en tenant compte de la nature des supports que je choisi, du contexte de récup’, de l’utilité première des objets … Que ce soit de la tapisserie de chiottes, des canevas de mèmère ou de la vulgaire pub.

Venez en esthéte c’est d’un goût très sur ! Et vous pourrez découvrir un subtil mélange de super héros déchus, de têtes de morts épanouies, de chiens dans tous leurs états, de mandragore déesse, d’auto-portrait/auto-dérision, ainsi que le tiercé gagnant de la vie : l’amour, la liberté, la mort.

Bref, l’expression sauvage s’en remet à l’humour noir qui flirte avec le kitch qui avait pas mal fricoté avec l’absurde qui lui-même est extra lucide.

Ne cherchez pas.

J’aime la peinture.

J’ espère au moins que ça vous fera rire, au mieux que ça vous fera pleurer…

FloRe. Janvier 2006.

Ouvrages personnels:

Ouvrages dans lesquels l'auteur a publié:

Couvertures réalisées par l'auteur:

 Show edit handles