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Obêtre

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Site(s):http://obetre.net/

Artiste bruxellois

Dans l'antre d'artistes : Obêtre

"C’est suite à une interview déterminante avec un chaman, au Canada, qu’Obêtre est revenu à Bruxelles, sa ville natale quittée peu après sa naissance. Il y a rencontré Parole, qui l’a introduit dans la scène locale du graffiti. Mais aujourd’hui, Obêtre est-il vraiment un graffeur ?

« Au départ, mon nom de travail, c’était Obes. À l’époque, j’habitais à Toulouse, j’avais 14 ans et j’étais encore plus petit et maigrichon qu’aujourd’hui. Écrire Obes dans la rue, c’était très marrant. En fait, c’était pour copier plus facilement – d’un commun accord, bien sûr - le nom de mon maître en graffiti, Ares. Puis Obes est devenu Obêtre. Ce changement de nom était une manière d’intellectualiser mon pseudonyme qui n’était pas vraiment réfléchi à la base. Ob-être, c’est « au-delà de l’être », l’idée de demeurer dans le temps, prendre domicile dans la rue, dans la vie, dans l’espace. C’est le propre de l’art que de laisser une trace, même éphémère, pour se rendre compte qu’on existe ».

Il suffit de quelques minutes de discussion avec Obêtre pour comprendre que l’on a face à soi un graffeur pas vraiment comme les autres. Un graffeur qui s’est abstrait du graffiti pour l’interroger, pour le faire évoluer, dans une réflexion nourrie d’études artistiques et de sociologie et de voyages au Japon, en Amérique du Sud et en Amérique du Nord.

Obêtre est graffeur mais c’est dans une exposition de photographies, à la Macadam Gallery, que l’on peut voir pour le moment plusieurs de ses œuvres. Des photogrammes : « une image photographique obtenue en plaçant des objets sur une surface photosensible » dit Wikipédia. Avec un petit slogan : « Le graffiti et la photographie ont toujours été bons alliés, Obêtre les fusionne rien que pour vous ». « La photographie a toujours été utile pour garder des traces du graffiti dans la rue », explique-t-il (la preuve avec l’expo de Bonom, lire l'interview). « Ici, je fais de la peinture avec de la lumière. Je n’ai pas inventé le photogramme, Man Ray en a fait bien avant moi, mais à ma connaissance, ce qui est nouveau, c’est l’utilisation de faisceaux lumineux comme une bombe de peinture. Le rendu de ces traces de lumière sur le papier photo ressemble vraiment à du graffiti. Dans ces photogrammes, j’ajoute aussi l’élément pochoir, pas un pochoir découpé dans du papier, mais le pochoir d’un corps entier, un objet vivant. C’est la première fois que j’expose dans une galerie. Je le fais autant pour gagner de l’argent en vendant mes œuvres et peut-être toucher un autre public, que pour rentrer dans le système, savoir comment ça fonctionne. J’ai un peu l’impression de faire ‘de l’observation participante’ » (Rires)

Obêtre est graffeur mais ses actions les plus connues dans la rue sont des constructions en bois de récupération, ses « graffitectures ». On en a vu apparaître récemment au cours de l’événement La Bellone fait le mur, où différents artistes sont intervenus sur l’architecture de ce lieu prestigieux, ou sous forme de « cabanes à soupe », qui ont poussé ici et là à Bruxelles pendant la période des fêtes, pour une sensibilisation à la cause des sans-abris organisée par l’asbl Chez Nous/Bij Ons. « J’étais très attiré par des graffeurs new-yorkais comme Rammellzee et les graffeurs berlinois du Jazz Style Corner qui ont initié le graffiti en volume. Ça m’a complètement inspiré. J’ai commencé à créer des lettrages avec du bois, en trois dimensions. C’est devenu « les graffitectures », des petits abris de survie ou des formes de sculptures décoratives qui se développent de façon spontanée ».

Obêtre est graffeur mais c’est sur papier qu’il déconstruit à la bombe le geste du tag pour en trouver la quintessence dans ses « skiagraphies ». Il est graffeur, mais il construit des automates délirants baptisés Hypnotic Line ou Bavure policière, qui parlent du tag et de sa répression parfois très musclée.

Plus que graffeur, Obêtre est un street artist. Actuellement, on pourrait même prendre l’expression au pied de la lettre : un « artiste de rue » voire un « artiste à la rue » puisqu’Obêtre est en transit entre deux ateliers et donc sans lieu de travail. Qu’à cela ne tienne. Diogène de Sinope, philosophe de la Grèce antique, se contentait d’une jarre comme résidence ; Obêtre, lui, improvise un atelier/show-room dans l’entrée d’un immeuble en travaux. Digne héritier de l’école cynique, Obêtre propose à sa manière « une autre pratique de la vie, subversive et jubilatoire » et prône la liberté à travers son projet Legalize Graffiti. « Ce qui m’intéresse ici, ce n’est pas tellement le graffiti lui-même, mais la réappropriation de l’espace public. Finalement, qui veut vraiment légaliser le graffiti ? Les graffeurs ? Comment vont-ils prendre alors leur petite montée d’adrénaline ? Les galeristes ? Comment vont-ils pouvoir exposer ces ‘petits sauvages’ qu’ils ont civilisés et qui ont la cote sur le marché ? Les philosophes, qui disent que ce qui est justement intéressant dans le graffiti, c’est l’acte transgressif ? Par rapport à cette vision finalement assez égoïste et conservatrice, je dis qu’il faut faire exploser ces barrières et permettre à tout le monde de s’exprimer plastiquement. Pour moi, la limite entre l’espace public et l’espace privé doit être modifiée. La façade des bâtiments devrait être publique. De toute façon, penser qu’une façade est un bien privé, c’est se leurrer : le propriétaire ne peut pas faire ce qu’il veut avec sa façade. Et les propriétaires ont déjà de la chance : ils peuvent choisir entre gris-bleu et gris-vert. Mais les locataires, eux, n’ont aucun moyen de façonner cet espace public. Il y a là une énorme injustice. À Bruxelles, il n’y a jamais eu autant d’expositions sur le graffiti, mais il n’y a pas un seul mur de libre expression et la répression est montée d’un cran ». Tranchant ! Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, le débat est ouvert."

Estelle Spoto (Bruzz 23/01/2014)

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